Il est amusant au travers des 180 numéros de 100 ID, de suivre l’évolution des goûts en matière de loisirs créatifs de ces années là , 1972-1988. J’ai suivi dans mon dépouillement le point de croix, alors que je brodais ce point, bien des années après.
La broderie est à l’honneur dès le premier numéro sous la forme d’un beau potager, dessiné par Anne Giffard en points traditionnels mais sans aucune explication pour la réalisation. La broderie au point de croix est présente dès le n°2 mais sous l’intitulé « tapisserie à l’aiguille »
Au n°4 un motif DMC ancien au point de croix (l’institutrice et ses élèves )
avec sa grille dans le guide du savoir-faire et toujours intitulé « à tapisser ». Il est vrai que de nombreux dessins pour tapisserie ou pour tricot jacquard sont transposables au point de croix ( j’avoue un penchant pour l’homme qui court sur un pull d’homme/ n°172 !)
Puis de ci-de là, le magazine montre des photos de petits ouvrages sans modèle. En fait la broderie au point de croix était (est toujours ?) considérée comme un passe-temps de fillette, un pensum utilitaire ou une décoration exotique. Dans le n°8 : un article charmant « la corbeille de la mariée » est illustré de photos de plusieurs marquette de genres et périodes différents. Ce même n° propose un modèle de Jean-Pierre Marche aux points de croix et de tige brodé sur canevas comme cadeau de mariage
Puis le coup d’éclat du n° 38 Le point de croix, un art universel , richement illustré : les mouchoirs portugais, les motifs d’Orient ou d’Amérique du sud ; la grille d’un motif huichol
est proposée par Laurence Wichegrod et Béatrice Malan, photographié par j.P. Godeaut ; le point de croix de toutes dimensions et sur tous supports !
Dans le n° 97(novembre 1981),un tournant peut-être, est mentionnée la guilde de l’artisanat national danois, le comptoir des étoffes qui commercialise les bouquets « aux couleurs fraîches et subtiles » brodés sur étamine. Laurence Roque sera ensuite sollicitée pour proposer des ouvrages à la vente.
Le n°173 (avril 1988) réserve la surprise d’un supplément de 16 pages , sponsorisé par DMC, aux modèles divers et pimpants de Véronique Enginger .
Armelle Le Corre termine son éditorial ainsi : « Représentatif de valeurs traditionnelles et véritable anti –stress créatif, le point de croix est donc parti vers une nouvelle aventure. »
Comme illustration de ce propos, on trouve dans le n° 177, cinq abécédaires classiques ou plus moderne d ‘Anne-Marie Bodson pour DMC et surtout –mais parce que j’aime vraiment cette créatrice, celui à l’humour coloré de Michèle Gleizer, qui n’avait pas dit là son dernier mot…
Sans y avoir une très grande place le point de croix a donc été présent au travers de ces grandes tendances au cours de ces années.
Marie-Hélène Fauveau braises.blogspot.com